Le respect d'une identité

«Identique» était le mot clé lié aux conditions concernant le projet de construction sur lequel la commune d’Oberkirch, l’office Raum und Wirtschaft (rawi), le service cantonal des monuments historiques et l’association Pro Sempachersee étaient tombés d’accord. Construire à l’identique. Il fallait donc parvenir à un résultat ne présentant aucune différence particulière avec les anciens bâtiments. La nouvelle réalisation devait produire le même effet et correspondre à ce qui se trouvait là : une maison, une grange et une remise. Identique voulait dire, par exemple, des surfaces vitrées inchangées. En outre, seule une construction en bois pouvait remplacée une autre construction en bois. Le toit à deux pans devait aussi être réalisé dans le même esprit.

Les exigences en matière d’habitat sont néanmoins aujourd’hui très différentes de celles d’une famille de pêcheurs d’autrefois. Il a fallu tout le talent d’Andreas Garraux, l’architecte de Renggli, pour faire d’une vieille ferme un immeuble locatif correspondant à notre époque. La façade revêtait dans un tel cas une grande importance. Quelle interprétation donner, avec une nouvelle construction, d’une façade de ferme brûlée par le soleil depuis plus de 200 ans ? La réponse : utiliser du mélèze brûlé et brossé. L’aspect est pratiquement le même.

Le fait que la forme de l’immeuble d’habitation s’inspirait fortement de celle de l’ancienne maison a été d’une grande utilité pour le respect de l’identité du lieu. A première vue, on ne se rend pas compte qu’il s’agit d’un nouveau bâtiment. Le style architectural contemporain est donc d’autant plus saisissant lorsqu’on s’approche de l’immeuble et qu’on découvre l’intérieur. Sur une façade bien proportionnée se dresse un toit à deux pans parfait à 45°. Il n’y a ni avant-toit ni gouttière extérieure – rien qui puisse déranger l’esthétique d’une grande pureté. L’immeuble comporte trois appartements lumineux et compacts qui séduisent par leurs plans intelligemment conçus et un grand confort – dû à des plafonds acoustiques, notamment, ou encore à l’immense fenêtre à levage de l’appartement de l’attique. L’écart entre les conditions imposées par les autorités, ayant trait à la surface des fenêtres, et les besoins des occupants relatifs à la vue et à la lumière a été très habilement géré. Des lattes de bois qui protègent du vent et des regards ont permis la création d’embrasures sans que cela ne modifie l’aspect de la façade. De l’extérieur, les fenêtres placées derrière les lattes ne se voient presque pas mais elles existent bel et bien, pour le plus grand plaisir des locataires.

On a également l’impression, à l’intérieur, que le but était de maintenir le style de l’ancien bâtiment. Il y a du bois partout. Les sols, les murs, les plafonds (acoustiques) et la cage d’escalier sont en bois, ce matériau de construction à la fois très vieux et moderne. On a volontairement renoncé à un ascenseur. Un bâtiment né d’une technique de construction bois aussi moderne est évidemment certifié Minergie. La grange et la remise ont aussi été réalisées selon un mode de construction bois. Elles abritent des garages et des débarras. La propriété apparaît aujourd’hui sous un jour nouveau mais semble être la même dans le magnifique paysage d’Oberkirch, comme si elle avait toujours été là dans son état actuel.

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Markus Gabriel est le propriétaire et directeur créatif de l'agence Angelink. Depuis des années, il écrit des textes pour le magazine client Renggli «Un oeil en coulisses» et le blog spécialisé.